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La Feuille du Läuch de la Robertsau
3 avril 2016

26 ème fiche du Sentier du Souvenir

Karl Friedrich Riff, père

Charles Frédéric Riff, fils

Un humanisme chrétien

(6 avril 1790/22 décembre 1864 et 1824/1883)

 

 Ces deux pasteurs luthériens ont servi la paroisse protestante de la Robertsau près de 67 ans, de 1817 à 1864 pour l’un et de 1865 à 1883 pour l’autre, le fils reprenant le poste du père après le décès de ce dernier.  Tous deux sont morts au cours de l’exercice de leur ministère.

Karl Friedrich Riff, père (6 avril 1790-22 décembre1864)  . Nous ne savons rien de son enfance, sinon qu’elle se déroule en Alsace au cours des années de la révolution et sous la terreur.

Il est nommé pasteur à la Robertsau en 1817 et épouse Louise Hollaender, fille du pasteur de Geudertheim dont il aura sept enfants, dont Charles Frédéric, le 29.04.1824. De conviction libérale modérée, il manie la plume avec art. C’est lui qui bénira le mariage de Mélanie de Bussière avec le Comte Edmond de Pourtalès le 30 juin 1857 et, l

Frédéric Riff

’année suivante, le baptême de leur fils aîné Jacques dans l’ancienne église de la Robertsau qui sert encore aux cultes protestant et catholique sous le régime du simultaneum (partage d’un même espace liturgique entre catholiques et protestants d’une même commune).

Vu l’état de l’édifice et l’accroissement de la population, la construction d’une église pour chacune des communautés fut décidée par le Conseil Municipal en 1854. L’église protestante s’élèvera sur l’emplacement de l’ancienne église. Le pasteur Riff accompagnera le chantier de 1861 à  1864 malgré ses regrets de devoir assister à la démolition de l’ancienne église qui lui avait été si chère : « elle, qui 522 années durant, avait hébergé et béni la communauté dimanche ou jour de fête et en maintes autres occasions ! » et dont il avait commémoré le 500ème  anniversaire en 1839.

 Le dimanche 27 octobre 1861, on y célèbrera les derniers cultes avec une profonde émotion : Frédéric Riff, père, procédera à la pose de la première pierre de l’église actuelle le 14 septembre 1862 et à l’inauguration le 10 juillet 1864.

 Le 22 décembre de la même année, à la veille de Noël  il décède brusquement après 47 années de service à la paroisse de

Charles Riff

 la Robertsau, à l’âge de 74 ans.

 

Charles Frédéric Riff (1824-1883)

Son fils, Charles Frédéric, lui succède à la demande des paroissiens de la Robertsau qui l’ont vu grandir au presbytère et assisté à son ordination au ministère pastoral dans leur église le 4 juillet 1852 par son père.

En effet, Frédéric Riff, avait terminé ses études de théologie peu avant la révolution de  1848. Epris des idées libérales sans être d’un caractère révolutionnaire, il accepta la charge «  de l’enseignement de la littérature allemande dans les classes de rhétorique et de philosophie du Gymnase et cela au moment où « les effervescences de 1848 rendaient un pareil début doublement difficile », notera R.Reuss dans sa nécrologie de 1883.

L’année suivante, un séjour à Paris en tant qu’étudiant en philologie, puis en Touraine, en tant que précepteur de maison, lui donneront l’occasion d’une mise à l’épreuve de ses convictions et de sa vocation. Revenu en Alsace, il embrassera le ministère pastoral avec ferveur tout en devenant l’un des principaux défenseurs du courant de la théologie libérale. De caractère conciliant, de nature souriante et habité par un humanisme profond, Frédéric Riff, fils, forcera le respect de tous, aussi des plus farouches défenseurs de l’orthodoxie luthérienne.  Il n’est pas étonnant, de ce fait, qu’il ait été l’homme de consensus, garant de l’union, élu président dans de nombreuses instances de l’église, à une époque où les idées s’affrontaient parfois violemment. 

Nommé pasteur à Breuschwickersheim en 1852, il épouse Marie Boeckel en 1856  dont  il a eu deux filles et un fils. En 1861 il est élu président du Consistoire d’Ittenheim. Nommé pasteur de la Robertsau en 1865 il est membre fondateur de l’association protestante libérale d’Alsace et de Lorraine. Il est élu président du Consistoire de St. Guillaume en 1872 et président de la Conférence Pastorale en 1874.  A la création de l’Inspection de St. Guillaume il en devient l’Inspecteur ecclésiastique en 1877 et par là même membre du Consistoire Supérieur.

 

Artiste maniant le pinceau (voir photo N° 3) et la plume avec habilité, il est l’auteur de nombreuses nouvelles de style édifiant à caractère religieux ou moral, devenant ainsi  l’un des conteurs populaires les plus estimés de son temps. Conciliant en sa personne le goût des sciences et une piété du cœur, la rigueur de l’esprit et la vivacité du sentiment,  il est un interlocuteur privilégié pour l’étranger qui vient frapper à sa porte pour s’enquérir de l’état des affaires religieuses dans la région. Chacun des nombreux visiteurs du presbytère de la Robertsau en repartira avec, en cadeau, un galet du Rhin, peint de la main du pasteur et portant une citation biblique ou une sentence morale.

Parmi les événements marquants durant son ministère à la Robertsau, notons :

L’évacuation de la Robertsau par les troupes allemandes le 14 août 1870 :

Le pasteur Riff envoie son épouse et ses enfants chez un ami à la campagne, lui-même décide de rester sur place ; c’est après l’incendie de la ville sous les bombes allemandes qu’il note dans son journal : 25 août : « Le matin, nous trouvons dans le jardin [du presbytère] des vestiges de livres brûlés ; je reconnais à l’examen de certains de ces débris qu’ils proviennent de la Bibliothèque de la Ville, qui doit avoir flambé ! Journée tranquille, mais nuit terrible. Nous cherchons avec nos voisins un abri derrière l’église, dans le calorifère.
29 août : je suis obligé de guider un lieutenant sur le clocher et je découvre, ô stupeur, les ruines du Temple- Neuf et la croix de la cathédrale penchée ! »

L’inondation de la Robertsau suite à la rupture de la digue du Rhin près du château de Bussière  le 28 mai 1872.

Un événement heureux : la célébration des noces d’or des époux de Bussière, le 15 juin 1875.

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