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La Feuille du Läuch de la Robertsau
23 février 2016

24 ème fiche du sentier du souvenir de la Robertsau

BOMBARDEMENT DU PORT AUX PETROLES AOUT 1944

Les 6 septembre, 8 octobre, 17 novembre 1943, puis les 25 février, 1er avril, 27 mai, 29 juin, 19 juillet et 3 août 1944, Strasbourg est pris pour cible par les bombardiers de la 8th Air Force. Près de 3000 bombes tombent sur Strasbourg. La haute altitude d’attaque, 8000 mètres, explique leur imprécision Même lorsqu’elles atteignent leurs cibles, elles « arrosent » très largement et détruisent des quartiers entiers sans enjeu, causant des centaines de victimes civiles.

Le port aux 

liberator B24

pétroles, créé en en 1927 conteint 20000 tonnes de carburant. Il est donc un objectif important.L’après-midi du 11 aout 1944, il fait un magnifique soleil qui incite les jeunes enfants à chercher la fraîcheur. Certains sont venus se baigner dans le canal des Français, à côté de « l’Auberge des 4 vents ».C’est un endroit qu’ils affectionnent car ils peuvent entrer dans l’eau en pente douce. En effet c’est là que sont conduits les chevaux chaque jour à dix-huit heures pour qu’ils puissent s’abreuver après une longue journée de labours.

Fritz Dröge se souvient encore de ce beau percheron bai à la belle crinière blonde qui hennissait de plaisir chaque soir à l’approche du canal. En milieu d’après-midi, l’air est d’une parfaite luminosité, il est dans l’eau à s’amuser avec une vingtaine de camarades.

Roger Andres, lui

, est à Wasselonne pour visiter sa grand-mère maternelle. C’est alors qu’à seize heures exactement, un vacarme assourdissant emplit le ciel. D’après Fritz Dröge, ce sont entre trente et quarante bombardiers qui passent au-dessus d’eux, suffisamment bas pour qu’ils puissent voir les pilotes. Ils voient les avions larguer des chapelets de bombes sur les citernes du Port aux pétroles. Une bombe tombe dans le canal. Tous les enfants fuient dans un bunker situé rue de l’Afrique

Une bombe tombe sur la maison des Andres dans la même rue et tue sept personnes, Marie Louise Andres, 25 ans, Eugène Andres, 30 ans, 

papa_guerre2web

 

Cecile Andres, 24 ans, Pierre Andres, 1 an, Eugénie Andres, 59 ans, Emile Andres, 57 ans un ouvrier. Une bonne est blessée à la main. C’était la première fois qu’ils s’abritaient. Rue de la Carpe Haute, la maison d’Adolphe Vendenbaum où logent quatre familles est détruitte. Après cette première vague d’avions, une deuxième arrive pour lancer des bombes incendiaires : 12 000 tonnes s’envolent en fumée. Les usines Mathis qui fabriquaient des composants mécaniques pour avions sont aussi visées dans cette action. Roger Andres, qui avait alors six ans, apprend le malheur de sa famille par téléphone .Les habitants du quartier, trente-cinq personnes, sont alors regroupés dans la salle d’un restaurant et pris en charge par l’armée allemande. Ce sont les Liberator B-24 des 389th et 453th Bomb Groups qui ont effectué ce raid en larguant 1544 bombes sur l’ensemble de l’agglomération.

 

Madame Martine Prenveille, née Mager, se souvient aussi  : « Dans notre maison il n’y avait pas de cave, donc aucun abri. Nous devions nous réfugier dans la cave de la maison voisine. C’était un abri précaire, pratiquement de plain-pied, sans aucun renforcement. Des étudiants d’avant 14/18 y avaient habités : les murs et les plafonds étaient remplis de dessins représentant des têtes de morts, des fantômes tenant des faux et des graffitis du style « In hundert Jahre wieder... » etc…. Vraiment macabre pour la gamine que j’étais. Toute la maisonnée, ainsi que d’autres voisins, s’y réfugiaient en cas d’alerte. Cet abri était meublé (lits, tables, chaises). Il y avait également une bassine remplie d’eau et des morceaux de chiffons qui devaient être mouillés et mis devant la bouche en cas d’effondrement de la maison. Les murs mitoyens des fondations étaient percés d’une porte en briques préfabriquées qu’on pouvait facilement enfoncer grâce à une masse à proximité et permettant le passage d’une maison à l’autre.

Le 11 août 1944, le centre de Strasbourg fut aussi l’objet d’une attaque massive. Les alertes étaient presque quotidiennes et il n’était pas rare de voir passer des formations de plusieurs centaines de bombardiers qui allaient attaquer le Sud de l’Allemagne. Les Strasbourgeois ayant toujours la conviction que leur ville ne serait pas attaquée durent déchanter. Ce jour-là, les premières escadrilles lâchèrent leurs cargaisons sur Cronenbourg, Schiltigheim et Bischheim. Une autre vague d’appareils se dirigea vers le centre et, après le lancement d’un signal fumigène caractéristique, lâcha ses bombes. La cathédrale fut touchée avec l’Œuvre Notre-Dame, le Palais des Rohan et l’Ancienne Douane. A la place Gutenberg et dans la rue des Veaux de violents incendies firent rage. 189 civils trouvèrent la mort ce jour-là.

(Témoignages de Martine Prenveille, née Mager, de Fritz Dröge, et d’André Schandel. Deux photos des explosions sont du père de Richard Klein, une est fournie par André Schandel ainsi que l’insigne américain)

 

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